En croisière, vos prochains encadrements vont vous permettre de tester, enrichir, et éventuellement valider ces deux propositions de manoeuvres de récupération d’Homme à la mer. Vos tests seront particulièrement intéressants avec du vent soutenu.
N’hésitez pas à faire vos retours d’expérience (conditions météo, niveau de l’équipage, résultats et autres propositions constructives) à Jean-Louis SILVESTRE.
+33 (0) 6 75 97 38 08 jean-louis.silvestre@laposte.net
MOB : Acronyme anglophone de Man Over Board, c’est la traduction directe du HLM (Homme à La Mer) en français. Cette appellation est à privilégier dans l’enseignement, parce que les appareils de navigation électroniques sont munis d’une touche MOB.
Les manœuvres habituellement enseignées pour récupérer un Homme à la mer mobilisent souvent un équipage nombreux et entraîné, pouvant effectuer de nombreuses tâches simultanément.
Alors que faire dans des configurations différentes, en particulier s’il ne reste sur le bateau qu’une seule personne compétente (équipage familial, quart de nuit…) ?
Cet article propose une comparaison entre deux manœuvres de récupération d’un Homme à la mer adaptées à cette situation, chacune reposant sur une manœuvre référencée.
1. Le Quick circle très rapide
Les étapes de la manoeuvre :
- Se placer sur une route au près (2) et si besoin border. Démarrer le moteur.
- Pousser immédiatement la barre à fond sous le vent et virer. Garder la barre poussée à fond et ne plus y toucher.
- Le bateau va virer (3), le foc va passer à contre, le bateau va abattre (4 et 5), puis empanner (6), puis lofer de lui-même (6) et revenir à sa situation initiale (7), au près à proximité de l’Homme à la mer).
- Si possible envoyer à ce moment un bout pour récupérer la personne.
- Le bateau est, soit à la cape, soit sur un près, voiles plutôt fassayantes.
- Si il a de l’inertie, lors du passage au près, le bateau est souvent capable d’effectuer deux cercles consécutifs.

Avantages :
- Le diamètre du cercle est très court, de l’ordre de la longueur du bateau, qui reste donc tout près du MOB. Si celui-ci a eu la bonne idée de tomber au vent, il sera au centre du cercle. S’il est tombé sous le vent, il faudra « déformer le cercle » après l’empannage, pour l’approcher.
- Le foc ne faseye jamais.
- Le démarrage du moteur peut être immédiat. Il est possible d’embrayer et de manœuvrer immédiatement car le seul cordage libre à bord c’est la contre-écoute de foc, qui a peu de chance de passer à l’eau.
- En limitant la manœuvre à « La barre à fond », il n’y a aucun effort physique à faire. Un enfant est capable d’arrêter le bateau en attendant que des renforts arrivent.
- Le MOB est suffisamment proche pour qu’il soit possible de lui envoyer un lien. Si nécessaire, le moteur permettra d’affiner l’approche. Attention à l’hélice ! Elle fonctionne comme un aspirateur à bouts.
Inconvénients :
- Si le bateau n’est pas au près, il sera nécessaire de calmer un peu le foc en le bordant au moins partiellement. La manœuvre sera beaucoup moins dynamique, et plus bruyante.
- Empannage obligatoire. Si la grand-voile était bordée dans l’axe, ça se passera en douceur, avec seulement un coup de gîte modéré en sortie d’empannage, et une auloffée qui est la bienvenue.
Les équipiers devront avoir été familiarisés avec cette manœuvre pour pouvoir anticiper le petit coup de gîte. Si l’on veut éviter l’empannage, manœuvre suivante !
2. Manœuvre de Boutakov : sans empannage.
Objectif : ne pas empanner
Les étapes de la manoeuvre :
- Depuis une route au près, abattre pour descendre sous le vent (1 et 2).
- Sans empanner, remonter au près puis virer (3) et revenir à la cape (4) vers l’homme à la mer
- Quand on arrive “à la hauteur”, on dérive en cape (5).
Attention : sur la plupart des bateaux, l’angle au vent de la dérive à la cape est largement supérieur à l’angle de la remontée au près, et le bateau peut passer au vent du MOB si on se met trop vite à la cape. Pour revenir sur le MOB, il faut donc descendre dans le vent. Boutakov préconise de faire cette descente en phase initiale, en débutant par une abattée.
Sur certains bateaux dont le voile de quille est très étroit (Pogo par exemple), l’angle de cape est parfaitement symétrique de l’angle de près. Il n’y a pas besoin de descendre.

Avantages :
- Il n’y a pas d’empannage.
- Le foc ne faseye jamais.
- Le démarrage du moteur peut être immédiat. Il est possible d’embrayer et de manœuvrer immédiatement, car le seul cordage libre à bord, c’est la contre-écoute de foc, qui a peu de chance de passer à l’eau.
- Il y a peu d’efforts à faire.
- Le MOB est suffisamment proche pour qu’il soit possible de lui envoyer un lien. Si nécessaire, le moteur permettra d’affiner l’approche. Attention à l’hélice ! Elle fonctionne comme un aspirateur à bouts.
Inconvénients :
- Il faut réfléchir, avec une évaluation des distances qu’il faut parcourir sur chaque allure.
- Il faut penser à inverser la barre pour garder la cape.
- Cette manœuvre doit donc avoir été répétée et maîtrisée.
Avantages communs aux deux méthodes :
- Le foc « n’existe pas » : il ne faseye pas et ne génère pas de stress supplémentaire, et il ne mobilise pas d’équipiers pour l’affaler ou l’enrouler. Il n’est jamais à plat pont, donc pas de risque de glissade. Ces manœuvres « foc fixe » conviennent donc aussi à un équipage nombreux et entraîné !
- Dans l’éventualité d’un MOB tombé à la mer en étant attaché à la ligne de vie, elles permettent un arrêt immédiat du bateau.
Choix entre les deux méthodes : avantage au quick circle, très utile pour un équipage débutant dont le skipper tombe à l’eau !
Yapluka pratiquer !
Post scriptum : Et la touche MOB ?
Si l’appareil est sur le pont, enclenchement le plus tôt possible.
S’il faut descendre à l’intérieur, enclenchement dès que le MOB est perdu de vue.
Proposé par Jean-Louis SILVESTRE. +33 (0) 6 75 97 38 08 jean-louis.silvestre@laposte.net
Bonjour, dans ces 2 méthodes présentées, les schémas montrent une arrivée au vent du MOB, je pensais que par sécurité il fallait arriver sous le vent du MOB.
Si le MOB est attaché à la ligne de vie, pourquoi ne pas immédiatement se mettre à la cape?
Sinon, je vais essayer ces methodes fin du mois.
Merci
Bonjour L’année dernière en stage P on a beaucoup pratiqué et ce fut instructif avec vent fort. Du coup d’un avis unanime la ralingue est passée aux oubliettes au profit du quick stop. Ce que tu proposes sont des solutions qui reprennent les avantages du quick. Deux remarques cependant. Par vent fort le bateau prend rapidement de la vitesse et nécessite de la place. ce sera encore plus le cas avec le foc car augmentation du fardage en vent arrière et puissance au lof. On a trouvé un truc pour limiter cet effet: le moteur en marche arrière. Deuxième remarque tes schémas sont avec une récupération “au vent”. Le bateau dérivant obligatoirement à environ 2 nds si le recup est loupée on a des chances de “passer dessus” ce qui au minimum est un coup de stress. Ce sont des remarques qui se veulent constructives. Sincèrement
Dans la première manoeuvre, est-ce que le bateau ne réaccélère pas en 7 et 8 si la GV reste bordée (schéma)?