Parlons sécurité avec Olivier Sanz, directeur adjoint de la base de Concarneau

Sécuriser la pratique et l’enseignement de la voile a toujours été au cœur de l’action des Glénans. Olivier Sanz, directeur adjoint de la base de Concarneau, partage ici son expérience et de précieux conseils sur le sujet. 

Peux-tu présenter un tour d’horizon des différents accidents, selon les supports ?

Effectivement, pour parler sécurité, il faut identifier les risques selon le bateau ! Chacun engendre des problématiques de sécurité différentes. Les risques varient également en fonction du moment de la saison et des conditions météorologiques rencontrées.

En voile légère, la pleine saison est synonyme d’affluence sur les plans d’eau. Lorsque l’ensemble de nos flottes naviguent et côtoient les autres navigateurs, l’espace de pratique se restreint, la pression monte et une partie des compétences s’efface. Résultat : il y a plus d’abordages et de collisions.

Un autre type d’accident fréquent : les coups de bôme et les traumatismes potentiels qui les accompagnent. En manœuvre, sur la plage, au départ ou à l’arrivée… les scénarios sont nombreux. Rappelons que de telles blessures entraînent quasi-systématiquement un appel sur le 16 ou au 196 afin de réaliser un bilan médical, très souvent suivi par un rapatriement. Même si ces traumatismes sont en très grande majorité bénins, cette prise en charge indispensable renforce le sentiment d’insécurité à bord, en plus de faire perdre des journées de stage pour les stagiaires concerné·e·s.


En croisière, l’accidentologie est le plus souvent liée soit à la complexité des manœuvres de port, soit à un défaut de préparation et de suivi de navigation, qui entraînent des talonnages et échouements. Outre les potentielles blessures physiques, ce type d’accident peut avoir un impact financier non négligeable.

Pour la filière mer (en l’occurrence en 5.7), les moments accidentogènes sont identifiés au départ et au retour au coffre ou au quai, selon les bases. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs : stagiaires débutant·e·s, bords libres, bôme basse, instabilité du bateau, espace de pratique restreint etc.

Il y a pourtant des défaillances communes à tous les supports ?

En 2022, tous supports confondus, nous avons dénombré plus de 120 rapports de mer et mains courantes minutieusement analysés. Cette étude permet de dégager des constantes communes à l’ensemble des filières qui expliquent une grande partie des incidents et accidents : la difficulté pour les encadrant·e·s de proposer des programmes qui soient en lien avec le niveau de compétence des stagiaires. Lors de l’analyse de nombreux rapports de mer et main courantes, nous remarquons en effet que le niveau des stagiaires est souvent surévalué ou non évalué, ce qui entraîne des séances ou programmes où la barre est un peu trop haut.      

Quelles actions les bases mettent-elles en place pour minimiser les risques ?

L’analyse de la pratique et l’observatoire des accidents nous permettent de réévaluer notre DSI (Dispositif de Surveillance et d’Intervention) chaque année, et de l’adapter au plus près de notre pratique. 

Par exemple, l’extension récente des zones de pratique sur l’archipel de Glénan permet de limiter les contraintes d’espace et de maîtriser dans la mesure du possible le nombre de collisions. Cela ne doit pas empêcher de mettre en place une logique de veille active pour l’ensemble des équipages. Il y a  aussi eu des expérimentations en dériveur (Laser) avec casques obligatoires ou fortement recommandés en fonction des publics et des conditions, et bômes équipées de mousse. En 5,7, certaines bômes ont été rehaussées et des stickers collées sur celles-ci permettent d’interpeller sur leur danger potentiel. En croisière, un document d’accompagnement permet d’aider les encadrant·e·s dans la préparation de la navigation et son suivi. Dans la mesure du possible et des ressources humaines disponibles, nous avons aussi renforcé la logique tutorale sur site et « l’escadre pédagogique ».   

Chaque saison nous permet de tester de nouvelles approches et de renforcer celles qui fonctionnent. 

“Naviguer, c’est prévoir”, dit le cours des Glénans. Quels conseils donner aux encadrant·e·s qui se préparent pour leur prochain stage ?

Pour commencer, il est indispensable qu’ils et elles prennent le temps de lire le DSI de la base sur laquelle ils et elles se rendent, pour comprendre ce qui est organisé en matière de surveillance et d’intervention.

Pendant le stage, il est très important de passer du temps à évaluer le projet et le niveau de compétence des stagiaires à tous les moments du stage car cela a une incidence directe sur le programme ou la séance proposée et sur l’orientation des stagiaires en fin de stage. Les outils existent déjà : bilan de stage et de mi-stage collectif mais aussi bilan individuel, debriefing de fin de journée, et grille de niveau « Glénans ».    
Deux éléments peuvent contribuer à réduire le nombre d’accidents et incidents :

  • Partager : lors des débriefings de fin de stage avec le RTQ (responsable technique qualifié), il ne faut pas hésiter à revenir sur les évènements marquants du stage en matière de sécurité et de prendre le temps de les analyser pour développer une véritable culture de l’expérience.
  • Se former : il ne faut pas hésiter à participer aux stages P pour découvrir une autre zone de navigation et/ou renforcer ses compétences techniques. Il est également possible d’avoir recours aux formations du vendredi, à la fin des stages de 6 jours en croisière. À la maison, les topos en ligne sont toujours une excellente manière de se perfectionner.

Un avis sur « Parlons sécurité avec Olivier Sanz, directeur adjoint de la base de Concarneau »

  1. Bonjour
    Ou trouver ce document
    un document d’accompagnement permet d’aider les encadrant·e·s dans la préparation de la navigation et son suivi.
    Merci
    Jacques

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