Retour d’expérience : l’empannage sauvage

Pour apprendre, il faut se tromper. Oui, mais sur un bateau, l’erreur peut vite virer à la catastrophe. Alors pour éviter de toutes les faire, autant apprendre des erreurs des autres. Dans cet article, écrit par Philippe Laborie avec l’aide de Thierry Fuzellier, nous vous proposons de vivre, à distance, un empannage sauvage dont une stagiaire se souviendra. Pas de blessé grave, mais de bons conseils à retenir.

Il est 19h par une belle après-midi d’août. Sur le croiseur, l’équipage d’un stage d’une voile profite d’un vent portant et se détend après la succession rapide d’événements qui marque le début d’un stage. On est enfin sur l’eau… On avance bien, on sera bientôt au mouillage de la Pie (archipel de Glénan), où on rejoindra une escadre constituée de stages d’autres niveaux.

Les barreurs successifs tiennent bien le bateau aux allures de portant. Il faudra manœuvrer pour arriver au mouillage, aussi, le moniteur décide-t-il de faire des exercices d’empannage.

Un, puis deux se déroulent bien, mais vient un moment où une manœuvre cafouille. Après le passage de la grand-voile, le barreur tarde à changer de côté. Quand il le fait, il se gêne avec l’équipière de GV. Et surtout, la trajectoire dévie et le bateau se rapproche de l’autre amure. Le moniteur tente d’avertir la stagiaire qu’elle est dans le trajet du palan de GV, mais l’empannage sauvage survient. La tête entraînée par le palan, la stagiaire heurte violemment le cockpit.

Le choc à la tête, douloureux, n’aura fort heureusement pas de conséquences, et le stage se poursuivra avec tout l’équipage. Mais…

… Mais ce type d’accident est une hantise pour nous tous moniteurs. Cette expérience malheureuse est arrivée à l’un d’entre nous, faisons-en une occasion d’apprendre pour nous tou(te)s. Que s’est-il passé, au fond? Regardons bien les circonstances.

Concentrons-nous sur le contexte au moment de décider l’exercice :

Il y a du positif, très visible : beau temps, belle mer, vent portant, équipage détendu après l’après-midi toujours agitée du démarrage, les premières manœuvres qui se passent bien. Cela donne envie de continuer.

Et puis il y a du négatif, des points moins visibles, plus insidieux : la fatigue chez les équipiers suite à une première journée déjà chargée, leur esprit qui peut-être s’évade en fin de journée, le groupe qui ne se connaît pas encore, la motivation pour apprendre qui n’est pas forcément la même chez tous.

Le moniteur sait qu’il changera d’amure pour arriver au mouillage du soir. Il voit une belle occasion d’apprendre à empanner en sécurité. Il subit la pression, que nous connaissons tous, d’entraîner l’équipage le plus vite possible aux manœuvres vitales du bateau. Sait-il jusqu’à quel point l’équipage est réceptif ? S’il le restera ?

Ce que nous pouvons retenir

Pour nous à l’avenir, c’est peut-être à ce point – le point où on lance un exercice – qu’il faut poser la barrière mentale, le garde-fou qui balisera la prise de décision et nous tiendra à l’écart du risque.

Cette barrière, c’est celle du doute constructif, celle qui consiste, face à la pression « d’y aller », à prendre du recul, se demander si les dangers sont parés, si les stagiaires sont prêts. Somme toute, à évaluer le tryptique humain / environnement  / matériel. 

Il est légitime d’atteindre une belle escale la première demi-journée, surtout quand on a pris la bonne précaution d’être en escadre avec d’autres stages. Il est aussi légitime de profiter de bonnes conditions pour tester en équipage une ou deux manœuvres vitales du bateau. C’est au moment de le faire qu’on veillera à doser  car la semaine commence à peine : juste une pincée d’enseignement, et des exercices à risque réduit.

Par exemple, si on juge que l’équipage est prêt pour essayer l’empannage dans des conditions bien contrôlées,  cela signifie n’en faire qu’un seul, avec une surveillance étroite du moniteur sur tous les mouvements (le moniteur se plaçant à un endroit d’où il verra l’ensemble de la manœuvre), ou supprimer le risque d’empannage violent de la GV en la bordant à plat ou en l’affalant. Et dans tous les cas, veiller à chaque étape à signaler aux stagiaires la zone de danger.

Et somme toute, cette barrière mentale, ce doute constructif, on les gardera avec soi tout au long du stage. Ils seront précieux pour que les après-midi restent belles.

Philippe Laborie

Que faire en cas de coup sur la tête ?

  • Soit la victime est inconsciente

Dans ce cas, la victime est grave, il faut l’évacuer de l’endroit où elle est pour la mettre à l’abri. Il faut ensuite la mettre en PLS rapidement, puis appeler les secours (appel du 196 par téléphone, du 16 par VHF)

  • Soit la victime est consciente

Dans cette situation, il faut prendre en compte la nature du traumatisme. La gravité est due à plusieurs facteurs : un seul suffit pour s’inquiéter :

  • La violence du traumatisme (surtout)
  • L’éventuelle lésion au niveau du point d’impact (blessure au crâne…)
  • L’état de conscience : obnubilé (perturbé…) à normal
  • Les plaintes : douleur, qui persiste, +/- vomissements qui persistent (signe de gravité)

Laisser la personne dans la position où elle se sent la mieux. Selon la gravité évaluée ou en cas de doute, appelles du 196 ou du 16 par VHF qui prendra la décision.

Thierry Fuzellier

Et si les retours d’expérience vous parlent, n’hésitez pas à ajouter les vôtres ici !

Un avis sur « Retour d’expérience : l’empannage sauvage »

  1. Bonsoir,
    quand je lis empannage sauvage je ne peux m’empêcher qu’il faut impérativement équiper nos bateaux ( de croisière) de frein de bôme! La sécurité de nos stagiaires en dépend!
    Existe-t-il une volonté d’équiper nos voiliers?
    Bonne soirée à tous
    Gérard
    Bonifacio

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