Trois stages qui n’en font plus qu’un. François Janin relate dans cet article une semaine d’encadrement, au cours de laquelle il a fait connaissance de deux moniteurs. Rapidement, l’escadre s’installe, les topos partagés et les équipages sont mélangés. Véritable plue-value pour les stagiaires comme pour les moniteurs, cet semaine de partage mérite d’être reproduite.

C’était l’une de ces belles semaines d’été indien à Marseillan. 3 stages de niveaux 2 en embarqué partent de la base pour une semaine de navigation. Les bateaux sont pleins. Je fais connaissance de Jean-Benoit, dit JB, et d’André qui étaient tous deux à l’époque Bénévoles Longue Durée. Dès notre rencontre, le samedi matin l’idée de naviguer ensemble est partagé : on s’accorde sur le fait de partager nos destinations journalières – mais sans plus de précisions.
14h. Accueil des stagiaires. Parmi eux, un groupe de 4 copains pleins d’entrain qui se partagent les bannettes avec les 11 autres. La répartition des stagiaires par bateau n’étant pas faite notre bande de copains souhaite rester ensemble. Pourquoi pas. L’un d’eux, qui est cuisinier professionnel, propose très efficacement différents menus. Approbation à l’unanimité, suivie d’un avitaillement tout aussi exemplaire. Nous avons donc à bord le même avitaillement et, de fait, les mêmes menus.
Dimanche : nos trois bateaux larguent leurs amarres, traversent l’étang de Thau, passent les ponts de Sète, puis naviguent vers le Cap d’Agde. Durant cette journée de prise en main, de rappels de chronologies et autres consignes de sécurités, les 3 bateaux restent à vue. Dans l’après-midi nous nous retrouvons dans le sillage du bateau de JB. Il vire de bord … nous virons de bord, il empanne … nous empannons. Mes stagiaires, très concentrés essaient d’anticiper les manœuvres de notre collègue si bien que rapidement nous formons un ballet, du moins on essaie. Appel VHF au 3ème bateau pour qu’il nous rejoigne. En fin d’après-midi les trois bateaux sont parfaitement, j’exagère un peu, synchronisés : virements au top VHF, en formation à la queuleuleu, puis tout le monde de front !
Le soir au port, l’apéro est on ne peut plus enjoué : qui rappelle son manque à virer, qui fait part de ses découvertes, le tout joyeusement orchestré par notre bande de copains qui s’avèrent être de joyeux lurons. La mayonnaise a pris !
Le lendemain, long bord en escadre vers Port Camargue. Nous sommes à la cap pour déjeuner et il nous reste 3 bonnes heures avant l’approche du port. Nous anticipons notre réservation de places au port en souhaitant 3 places, si possible proches l’une de l’autre. Après-midi d’enchainement de manœuvres. Ce soir-là, comme une évidence, tout le monde dine sur le même bateau : comparatif qualité des quiches lorraine pour les uns, et expertise laborieuse de la piquette locale pour les autres.
Mardi. Conciliabule des moniteurs le matin : nous décidons de mélanger nos équipages pour la journée. C’est une surprise pour nos stagiaires mais tous jouent le jeu y compris la bande de copains. Le soir au debrief nos stagiaires nous font part de la richesse de faire les mêmes manœuvres mais supervisées par un autre moniteur. « C’est comme faire deux stages en même temps » nous dit l’un.
J’observe tout de même que cette mixité implique un petit temps de réadaptation du nouvel équipage aux particularités du bateau et à ses collègues. Néanmoins les soirées communes ont permis de minimiser ce temps et la cohésion de l’équipage est rapide.
Mercredi. Ce matin c’est pétole ! Nos bateaux sont à quai. Tous les stagiaires sont sur le ponton et assistent au topo spi d’André. Envoi, réglages et affalage, le tout bateau amarré. J’ai même observé l’attention particulière de quelques voisins de ponton qui n’ont pas raté une goutte de notre topo ! Il ne manque plus que la pratique « pour de vrai » qui se fera dans la foulée l’après-midi. Cette séance commune a permis de remixer nos équipages et d’optimiser la séance.
Jeudi fin d’après-midi. Nos bateaux sont au mouillage bord à bord à quelques encablures du port. Au programme : nav de nuit, ou, plus précisément retour au port de nuit. Le matin nous avons fait un topo commun « nav de nuit » et ce soir avant de lever l’ancre chaque moniteur rappelle les consignes de sécurité, prépare la documentation et l’équipage. « Nuit magique » et retour au port silencieux. Ce soir là, il n’y a pas eu de fiesta mais j’ai vu des étoiles dans les yeux nos stagiaires.
Vendredi – fin de stage. Comme une évidence la traversée retour de l’étang de Thau est régatée. Les stagiaires qui se connaissent maintenant parfaitement s’invectivent d’un bord à l’autre. Et, cerise sur le gâteau, c’est avec une immense fierté que nos trois navires accostent « à la voile s’il vous plait » à la base.
Nous avons fait un débrief commun. Cette expérience de mixité des équipages, des destinations et soirées communes et autres manœuvres de conserve ont été appréciés à l’unanimité. Du point de vue de l’encadrement, le binorat, ici un « multinorat », est une véritable plus-value tant pour la complémentarité des moniteurs que pour l’ambiance générale. J’ajoute le gain de temps quant à l’élaboration des menus et de l’avitaillement au profit de la préparation du départ. Je suis convaincu que même avec des niveaux différents un binorat est envisageable (jeux entre bateaux, escales et donc soirées communes, …) ce n’est qu’une question d’imagination, de partage et d’accepter de sortir de sa zone de confort : le binorat, c’est bion !
Francois Janin