Plutôt habitué au cadre océanique de l’archipel, je voulais vous partager l’enthousiasme et l’intérêt pédagogique que je porte à ce stage P très particulier, organisé au départ de la base d’Arz.

Jour J- 8
Rendez-vous à 9 heures en civil au chalet vert”
Ainsi s’annonce la première matinée de la « catagolfe », par une phrase en rouge dans le coin du tableau veleda du réfectoire, j’y ajoute un petit dessin pour capter le regard, j’adore. Normalement, il y a du vent en Bretagne mais cette édition 2023, du 30 septembre au 8 Octobre a connu une pétole historique avec 8 jours à moins de 5 nds (et encore que le matin) pour 1 seule et belle journée à 14 nds. On a eu du temps pour bichonner les hobie et faire de la salle. Mes 7 stagiaires sont chauds : les rololo sont 2 anciens monos des Glénans, inséparables et en tête du ranking des bateaux alignés par les Glénans. Le capitaine Jack Sparow, tout juste revenu de Guyane nous régalera de sa bonne humeur toute la semaine, 2 stagiaires qui se sont rencontrés sur un précédent stage Glénans ont décidé de remettre ça ensemble. Je naviguerai avec une dentiste aux dents longues qui vise son 4FFV. La flotte sera complétée par une BLD hyper motivée, partenaire idéale pour notre pirate. Ouf les équipages sont faits, que du bonheur! Le niveau est homogène et permet d’exercer les trucs et astuces partagés tout au long des topos et des quelques exercices sur l’eau. On révise les grands principes aéro-hydro et on travaille la procédure de départ, les courants et les cartes car le golfe du Morbihan est un kaléidoscope, tout se confond et seuls les amers, les pointes et les bouées permettent de se situer. Mémoriser les cartes est donc essentiel.
Hélas, cette année, nous ne verrons ni la jument, ni la rivière d’Auray, ni la méaban (sic), mais ça n’enlèvera rien aux plaisirs et à l’ambiance de cette compétition exceptionnelle et complètement atypique. D’habitude, les competitions tournent plutôt autour de 3 bouées au large). La catagolfe est le stage idéal pour travailler les réglages, les chronologies, les courants, les effets de site, les départs, la communication et la coordination. Ce sera bien utile pour se jauger en course avec les 15 autres HC16.
L’objectif est clair, être efficace pour rester bien placé. De jour en jour, la petite brise annoncée par les premiers bulletins météo s’éloigne et on se fait à l’idée que la course sera peu ventée et à défaut d’une belle dépression, il faut se creuser la tête sur les réglages fins (voiles, lattes, équilibre, trajectoires, patience) ça avance quand même mais pour la
banane, ce sera 2024 ! Le RTQ nous a accordé beaucoup d’autonomie pour reconnaître les parcours et s’amuser dans les courants, c’est top et on est prêt pour la course.
J-1
Les MDM nous ont gâtés pour nos pique-niques, la pression monte car le vent est toujours absent et il nous faut remorquer les HC16 jusqu’à Arradon. 111 équipages sont inscrits, une ambiance de paddock de F1, convivialité, simplicité, je reconnais des participants des années précédentes, « Hé salut les Glénans, vous remettez ça ?» « une fois de plus » lui répondis-je avec mon accent Belge. On installe nos HC16 sur le parking au plus proche de la cale puis on boit un café, on bave sur les cata de compet, on s’inscrit, on papote, on s’émerveille comme des gosses. L’ambiance nous gagne, ça va être grisant, une fois de plus.

H-4
On arrive au lever du soleil. Le ZOD à 5 nds déchire la surface à peine froissée par un souffle d’air ridicule, peu importe, on y est. On aperçoit au loin les GV de toutes les couleurs, ça va faire de belles photos.
On gréé, puis on se retrouve autour du café-croissant gratuit, passage rapide par les sanitaires avant le briefing du départ. Les organiseurs ont attendu la dernière minute avant de se décider sur l’un des 13 parcours possibles, ce sera le grand tour du golfe : le tour de l’île aux moines et de l’île d’Arz avec des pointages intermédiaires. Stupéfaction! impossible à moins d’un miracle de parcourir les 14 miles avec moins de 5 nds de vent et le courant de face. Le départ est pour le moins stressant, c’est du rolling start toutes les 5 minutes. On a bien révisé ça et on guette la série qui nous précède. Pouët ! C’est à nous mais chacun pour soi, ça s’agite, même à 5 nds, on est tribord amure, coup d’œil sur les copains, les options de trajectoires sont nombreuses, c’est ça qui est génial à la catagolfe, on joue avec les courants, les effets de site, les règles de course, il y a pas mal de lièvres, il suffit de les suivre, chacun sa course et ses choix, on est là pour apprendre et s’amuser.
C’est affolant car même avec 5 nœuds de vent, les écarts grandissent et les erreurs paient cash, tantôt on gagne sur un bord pour se faire reprendre sur le suivant, ça joue, TRIBOOOORD, ça cause, on VIIIRE, trop gai. On passe les « Réchauds » puis arrive à « la pointe de Penhap » et « Stibiden » où tous galèrent dans le courant, les voiles tombent, le vent faiblit, il est 14h30 et la course est arrêtée. Tous les bateaux seront remorqués par les zodiac des bénévoles, on sort les rames, on mange, on s’accroche les uns derrière les autres, retour case départ, pas de seconde manche ce samedi, faute de vent. Débrief au bar, chouette première journée de compétition.

Dimanche
Il y a à peine plus de vent et les organisateurs optimistes nous ont à nouveau gratifié d’un impossible parcours, en fait seuls quelques pro parviennent à boucler le tour. Le départ est retardé de 20 minutes, certains peinant à rejoindre la ligne de départ.
Pouët, départ à 6 nœuds. Enorme! On a fait l’intérieur à tout le monde, on pouvait pas mais
personne n’a réclamé, de nouveau ça part dans tous les sens, on avance bien puis mauvais choix, on se fait remonter grave et rejoindre la bonne veine nous prend un temps fou. Allez on se remet en chasse. On joue au chat et à la souris, en slow motion, c’est excitant et on parvient à remonter la file pour se replanter un peu plus loin dans un trou d’air, frustration!
Pavillon oscar, le parcours est réduit et à la porte de « l’œuf », direction la ligne d’arrivée. On mettra 20 minutes pour faire 100 mètres…la course est à nouveau interrompue et les classements figés. Les remorquages reprennent. Ma partenaire et moi sommes contents, on analyse nos choix et on se félicite de nos réglages, pas mal du tout en fait, elle a fait le plein de leçons, moi aussi. Après, tout va très vite à terre, ça dégrée et ça démâte dans tous les coins, seuls les locaux et les vainqueurs resteront pour la presse et les prix.
Je reprends le Zod et à 5 nds avec les 4 HC16 en remorque, on rentre sur Arz. Tout le monde est content et on trinquera le soir au bar en consultant compulsivement nos smartphones pour connaître notre classement et échanger photos, anecdotes et articles.
J’adore ce stage, RDV en 2024, 1 fois de plus !
Christophe Courtois, moniteur bénévole